Oiseaux agricoles

Oiseaux agricoles

Les effectifs des oiseaux des milieux agricoles sont en forte diminution ces dernières décennies en France y compris dans les plaines agricoles de la région Auvergne Rhône-Alpes (voir les résultats STOC : Suivi Temporel des Oiseaux Communs). 

Ce phénomène préoccupant est lié en grande partie à la simplification des paysages couplée à des pratiques agricoles intensives. Les espèces des milieux forestiers ou urbanisés sont peu touchées par ce phénomène. Les espèces dites généralistes, très opportunistes et adaptées aux activités humaines sont au contraire en augmentation.

Dans le projet Permagri nous avons cartographié la diversité des oiseaux communs dans les trois plaines agricoles partenaires du projet. 

L’ensemble des espèces a été inventoriée sur 300 points d’écoute par territoire (Effectués par la LPO). 

L’objectif est de mieux comprendre comment ces espèces s’assemblent en fonction du paysage pour en tirer des enseignements sur la gestion durable des plaines agricoles.

Les résultats les plus probants concernent les oiseaux des milieux agricoles séparés en deux cortèges :

Les espèces de milieux ouverts qui apprécient les grands espaces de végétation basse avec peu d’éléments boisés. 

Exemples

Alouette des champs

Bruant proyer

Les espèces de milieux bocagers qui ont besoin de structures linéaires type haies, bosquets, arbres qui tendent à fermer le paysage.

Exemples

Grive

Grive musicienne

mesange

Mésange nonette

Cartes de répartition

Cartes de répartition du nombre d’espèces d’oiseaux des milieux ouverts dans les trois plaines agricoles du projet Permagri.

Les cartes produites sur les trois plaines permettent de visualiser la distribution spatiale du nombre d’espèces inventoriées. 

Pour les oiseaux de milieux ouverts, on observe une diversité de situations selon le territoire : de forts contrastes de biodiversité en Forez mais avec de vastes noyaux de richesse élevée, une distribution moyenne et homogène en Rovaltain, des noyaux de richesse de taille plus modestes en cœur de plaine de Bièvre.

En Forez les milieux bocagers dominants accueillent une bonne diversité d’espèces du bocage avec un fort noyau de richesse en cœur de plaine. En Rovaltain et Bièvre les noyaux de richesse sont beaucoup plus modestes et fragmentés du fait du caractère ouvert du cœur de plaine.

De nombreuses études indique que la sauvegarde d’une diversité d’oiseaux agricoles passe par un paysage avec une hétérogénéité variable selon les lieux, mais aussi selon les échelles spatiales. C’est bien ce que confirme notre étude : selon l’historique d’aménagement et les dynamiques agricoles récentes, chacune des trois plaines agricoles étudiées exprime une hétérogénéité paysagère qui permet de conserver une diversité intéressante d’espèces. 

Toutefois la spécialisation du paysage est importante en Rovaltain et Bièvre. Ce n’est pas nécessairement un facteur de dégradation de la biodiversité l’échelle de la plaine agricole à condition qu’elle soit maitrisée, en conservant une hétérogénéité à plus large échelle. Il existe un risque de simplification voire banalisation totale du paysage. Celle-ci se traduit par un recul des communautés spécialisées vers les éléments résiduels au profit des généralistes. On peut le redouter en Bièvre et Rovaltain avec les « cœurs » de plaine les plus aménagés qui tendent à fragmenter les espaces favorables aux espèces de milieu bocager.

Cartes de répartition du nombre d’espèces d’oiseaux des milieux bocagers dans les trois plaines agricoles du projet Permagri.

Cette étude apporte donc un éclairage supplémentaire sur la nécessité de prendre en compte l’hétérogénéité du paysage dans les politiques publiques de gestion durable de la biodiversité. En préservant des unités de paysage variées on influence la localisation des cortèges d’oiseaux et on organise une perméabilité écologique de la plaine agricole pour un plus grand nombre d’espèce.