Paysage et perméabilité
Le projet Permagri se focalise sur les espaces agricoles de plaine cultivée car dans ce type de paysage, la perméabilité écologique n’est pas exclusivement liée à une continuité de milieux homogènes de type « corridor écologique ».
L’application de la politique Trame verte et bleue pour la préservation de la biodiversité est donc moins évidente à planifier sur le terrain. Le Schéma Régional de Cohérence Ecologique d’Auvergne Rhône-Alpes (SRCE) a indiqué un besoin de connaissances plus détaillées sur ces espaces.
Plusieurs caractéristiques de la mosaïque paysagère des plaines doivent être prises en compte à différentes échelles car l’hétérogénéité paysagère est un enjeu majeur, elle peut amener une diversité de ressources aux espèces de la faune ordinaire.
Plaine de Bièvre à proximité de La Côte Saint André – Source : http://tourisme-bievrevalloire.com/wp-content/uploads/2012/10/untitled-design-10.png
Si le parcellaire agricole occupe plus des trois-quarts de l’espace, les zones non cultivées jouent un rôle important.
Evaluer la perméabilité d’une plaine agricole nécessite donc de prendre en compte à la fois les éléments semi-naturels (haies, bosquets, talus, fossés, jachères), ceux relatifs à l’agriculture (taille des parcelles, diversité cultivée) et à l’urbanisation.
L’ensemble de ces éléments se présente sous la forme d’une mosaïque paysagère plus ou moins hétérogène.
Malgré une origine géomorphologique souvent similaire, liées à des dynamiques fluvio-glaciaires récentes, les plaines agricoles n’affichent pas le même paysage.
Les politiques territoriales, les infrastructures d’aménagement, la structuration et la spécialisation des filières agricoles ont profondément modifiés l’organisation du paysage ces dernières décennies.
Le paysage qui en résulte aujourd’hui peut être plus ou moins diversifié ou uniformisé, plus ou moins ouvert.
Un paysage ouvert propose une vue dégagée avec peu de haies ou de bosquets sur des parcelles généralement de grandes tailles.
Au contraire, un paysage bocager de petites parcelles fermera la perspective. De nombreuses nuances existent entre ces gradients, au sein même d’une plaine.
Pour tenter de clarifier cette diversité, neuf grands types de paysages rencontrés dans les plaines agricoles de la région Auvergne-Rhône-Alpes ont été identifiés à l’aide d’une analyse statistique du maillage des parcelles et de différentes données d’occupation des sols à grande échelle (SIG).
Comparaison entre le paysage des années 1950 et celui des années 2010 dans la plaine du Rovaltain. Source des images : Géoportail IGN.
Cartographie des neufs types de paysages de plaine agricole (ou vallons) en Auvergne Rhône-Alpes. Pour plus de détails, parcourir la carte interactive : ici !!
On distingue des paysages ouverts avec deux grandes tendances :
- Des paysages peu diversifiés de grandes parcelles (O1 et O2) marqués par des remembrements parcellaires et la présence d’infrastructures ou d’urbanisation. On observe très peu d’éléments boisés ou en marge. Les systèmes agricoles y sont structurés par les filières de production de céréales qui valorisent des périmètres irrigués.
- Des paysages avec une diversité cultivée importante (OD1 et OD2), de petites parcelles avec des éléments boisés réguliers. Ils sont moins affectés par les mutations de type remembrement et infrastructures.
On distingue également trois types de paysages semi-ouverts qui mixent cultures et prairies avec des éléments boisés très réguliers. Ils sont moyennement diversifiés (SO1) à très diversifiés (SO2 et SO3). Les filières d’élevage bovin sont encore bien présentes et contribuent à la valorisation de l’herbe en complément des systèmes céréaliers.
Enfin nous avons indiqué des paysages herbagers de vallons (H1 et H2) qui présent une très faible diversité paysagère du fait de la dominance de prairies permanentes valorisées par des systèmes d’élevage bovins.
Plus d’infos : ici !
Densité d’oiseaux observés (Nb individus/km²) au sein de chacun des neufs types de paysage de plaine agricole en Auvergne Rhône-Alpes. Sources des données : base de données 2008-2018 LPO AURA.
Pour tenter de valider cette typologie, nous avons mobiliser des données de sciences participatives (LPO AURA) : les densités d’oiseaux observées dans les neufs types de paysage ont été comparées.
Les résultats confirment plutôt bien les fonctionnalités écologiques assignés à notre typologie : les abondances des cortèges d’oiseaux des milieux ouverts et des milieux bocagers s’ordonnent assez logiquement en fonction du degré d’ouverture et de la diversité du paysage (les moyennes et regroupements effectués masquent inévitablement une importante variabilité locale).
Le type SO3 présente ainsi des caractéristiques favorables aux deux cortèges d’oiseaux.